Une pratique ancestrale
De tout temps, les hommes ont pu se montrer inquiets face à leur destin et leur futur. Pour répondre à leurs inquiétudes, d’aussi loin qu’on peut s’en souvenir, il a existé des oracles, qu’il s’agisse de techniques de divinations ou de personnes ayant un certain don pour recevoir des messages. Même si la science a jusqu’à ce jour rejeté la véracité du phénomène par faute d’avoir pu le reproduire et le mesurer, on connaît de nombreuses histoires sur des prédictions faites à des personnages célèbres et qui se sont réalisées. On sait aussi que dans ce qui mène les personnes à consulter un voyant, il n’est pas toujours question d’y trouver des réponses à son futur, mais aussi d’y voir plus clair dans son propre présent. Dans certains cas, la voyance aurait ainsi pu agir, un peu comme une forme de psychologie avant la lettre, la dimension surnaturelle en plus.
Les supports utilisés par le voyant pour répondre aux questions d’un visiteur sont légions. Il y en a autant qu’il y a de civilisations et même plus encore, si l’on prend en compte l’évolution des pratiques de la voyance à travers l’histoire. Coquillages, marc de café, runes, cartes et tarot bien sûr, pendules, boules de cristal, Yi King. Tout ces accessoires ou supports sont réputés canaliser les réponses que le voyant aura à interpréter pour répondre aux questions de son interlocuteur.
Observations, abus ou don ?
On a souvent avancé que la majorité des voyants était douée d’un sens de l’observation aiguë qu’ils mettaient à profit pour entourlouper leurs clients. Du côté matérialiste, on parle de manipulations, d’hypnose, de suggestions. On ne peut nier que le charlatanisme ait biaisé largement la donne, ni que certaines personnes malveillantes se soient servis de la crédulité d’autrui pour en abuser. Une fois cela dit, il n’est simplement pas raisonnable de ne réduire la voyance qu’à cela.
D’abord, il y est souvent question de foi mutuelle. De ce seul point de vue, le phénomène ne se résume pas à une victime manipulée et non consentante face à un prédateur mal intentionné. Dans les sociétés traditionnelles, le chamane ou l’oracle qui sert de médiateur entre les hommes et « l’invisible » ne se fait payer souvent que de simples dons. Sa fonction sociale est réelle et de longues années sont souvent nécessaires pour le former à son art. Cela suppose de longues années de sacrifices et sa disponibilité aux autres est un travail de chaque instant. Ensuite, en dehors du fait qu’il faut être deux pour que la voyance existe, et souvent deux à croire, certaines personnes semblent, tout de même, dotées de dons particuliers ou d’une certaine sensibilité. Qu’on leur accorde ou non du crédit, on peut au moins prêter à certains d’entre eux d’être de bonne foi dans l’exercice de cette activité ou de ce don.
Quant à l’existence possible d’une telle aptitude, qu’elle qu’en soit l’origine, il ne semble pas qu’elle passe par leur sens « habituels » ou en tout cas pas un cheminement conscient de leur usage. Le surnaturel est-il de la partie ? Pour le voyant véritable et son patient c’est indéniable. Si la surnaturel n’y est pour rien, peut-être faut-il y voir une façon de lire dans l’autre, des informations qu’il a déjà en sa possession mais dont il n’a pas conscience ? Où se trouveraient ces informations ? Quelque part du côté de l’interlocuteur du voyant.
Channeling : fonctionnement et fiabilité
Selon la théorie, le voyant serait un canal que « quelque chose » utilise pour transmettre une information. On appelle les voyants les « médiums » pour cette raison et on utilise également la notion de « channeling » pour décrire le phénomène à l’oeuvre. Le postulat est donc qu’il existe une certaine forme de sensibilité permettant au voyant de canaliser certaines informations que son client ne possède pas consciemment. Est-ce à dire pour autant que le don de voyance fonctionne systématiquement ? Non. Loin s’en faut. En admettant cette théorie comme principe de base, quelle soit intentionnelle ou non, la psychologie intervient forcément dans l’exercice et ne se prive pas de le parasiter. En suivant cette image du « récepteur », il faut que le voyant soit vide de toutes intentions, y compris celles provenant de sa propre personne. Or, le médium n’est pas toujours en situation de faire la différence dans le flux d’informations qu’il reçoit : certains éléments provenant de sa propre psyché peuvent parasiter le processus, comme certains autres éléments extérieurs et parasites. S’il existe des exemples d’éclairs de clairvoyance, sur des choses extrêmement précises, les marges d’erreurs sont grandes.
Tout cela se place, bien entendu, du point de vue d’une théorie non rationaliste de l’exercice de la voyance. Encore une fois, à ce jour, à l’aide de ses outils de mesure et d’évaluation, la science n’a pas réussi à avérer dans le phénomène médiumnique, un processus systématique, observable et qui se répète avec suffisamment de fiabilité pour le déclarer viable. Cela dit de la même façon, elle a rejeté l’existence de Dieu, sans pouvoir la prouver et cela n’empêche pas de millions et des millions de personnes de croire dans le monde et d’y trouver quelque chose que la science ne pourra jamais leur apporter.